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La police administrative 2023- 2024 - www.lex-publica.com - © M. Coulibaly            17/49

         2 – Le critère juridique de la distinction

         „ Question : Qu’est-ce qui distingue juridiquement une opération de police administrative d’une opé-
         ration de police judiciaire ?

          Réponse : Le critère juridique de la distinction « police administrative – police judiciaire » a été
         énoncé en1951 dans deux arrêts dont le premier émane du Conseil d’État, le second du Tribunal des
         conflits :


           1
         {CE, Sect., 11 mai 1951, Consorts Baud, n°2542. En l’espèce, une personne a été mor-
         tellement blessée « au cours d'une opération de police que des inspecteurs de police accom-
         plissaient à Lyon le 31 octobre 1945, en vue d'appréhender des individus signalés comme faisant
         partie d'une bande de malfaiteurs » – police judiciaire ;


           2
         {TC, 7 juin 1951, Dame Noualek, n° 1.316. Une personne qui « se trouvait ... à la fenêtre
         de son appartement, à Montferrand, a été blessée à la main droite » au cours d’une opération
         qui n’avait pas pour objet « la recherche d'un délit ou d'un crime déterminé » – police adminis-
         trative.

         „ Il résulte de ces deux arrêts (Consorts Baud et Dame Noualek) que le critère juridique de la distinc-
         tion « police administrative – police judiciaire » est téléologique (ou « finaliste »), c’est-à-dire en rap-
         port avec le but, la finalité de l’activité considérée.

         „  Pour qualifier une opération donnée d’activité de police judiciaire ou de police administrative, il
         faut la considérer dans sa relation à une infraction déterminée.
          Si l’opération consiste à constater une infraction déterminée, à en rechercher ou à en arrêter l’au-
         teur ou les auteurs, il s’agit d’une opération de police judiciaire.

          Dans le cas contraire, on a affaire à une opération de police administrative.

         „ Question : Que faut-il entendre par « infraction déterminée » ?

          Réponse : Par « infraction déterminée », il faut entendre une infraction correspondant à une qua-
         lification pénale précise : homicide volontaire ou involontaire, vol simple ou aggravé, extorsion, etc.

         Ź Toutefois, infraction déterminée ne signifie pas nécessairement infraction déjà commise ou con-
         sommée.

         „ Ce peut être une infraction sur le point d’être commise.
             9 Exemple : TC, 27 juin 1955, Dame Barbier, n° 1465.
                 La police apprend que des individus vont commettre un cambriolage. La décision est
                 prise de leur tendre un piège (une « souricière »). Cette décision, comme l’organisa-
                 tion du piège, relève d’une procédure de police judiciaire, et ce, même si les malfai-
                 teurs renoncent finalement à leur entreprise - le vol étant… une infraction détermi-
                 née.
         „ Parfois, il s’agit même d’une infraction imaginaire ou hypothétique.
             9 Exemple :    Un gendarme ou un fonctionnaire de police procède à l’arrestation d’un
                 individu.
                 Motif : Le gendarme ou le fonctionnaire de police croit que l’individu vient de com-
                 mettre un vol.
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